homesick

Vivre une expérience intéressante n'exclut pas de passer par de grands moments de doute, de solitude, de tristesse...d'autant que vivre avec une colocataire peu équilibrée n'arrange pas les choses. Elle fait partie de ces gens qui ont peur du vide, peur du silence, peur de se retrouver avec eux-mêmes, peur du dénuement...de ces gens qui se sentent obligés de meubler leurs existences de bruit, d'objets, de bavardages, de personnes qu'ils appellent amis mais dont ils peinent à se souvenir du prénom, de bruit, de bruit....de ces gens qui traversent la vie par le MOI.

et ce soir, je me sens mélancolique, même si voyager aujourd'hui n'a rien de comparable au voyage d'il y a ne serait-ce que 10 ans...aujourd'hui rester en contact avec les gens que l'on aime n'est plus chose impossible, le prix des communication s'est effondré, Internet a été démocratisé et Skype a permis de ne pas oublier certaines mimiques, une fossette qui se creuse avec le sourire, un petit tic gestuel ou une grimace...

Outre les personnes qui me sont chères, il y a plein de petites choses qui me manquent...marcher dans une ville européenne, une ville à dimension humaine, juste se promener et observer les passants, les petites boutiques, s'arrêter dans un parc...le café et les restaurants à la française, je veux dire par là avec cette ambiance, ces gens qui vont et viennent, qui parlent pendant des heures (manger, boire et parler autant pendant un repas est un art de vivre qui étonne mes étudiants)...

et puis je ne sais pas... cette pudeur...je remarque qu'ici, je suis considérée comme une personne froide parce que je ne pousse pas de grands cris quand je suis contente, que je n'exprime pas mes sentiments toutes les cinq minutes que je ne surjoue pas la surprise, la joie ou le mécontentement.

Un certain raffinement...ici, on tend à préférer la quantité à la qualité...bien sûr, n'oublions pas que je suis "in the middle of nowhere" et que cela ne doit sans doute pas être le cas dans une ville comme Chicago ou Philadelphie...et que cela ne doit même pas être le cas de tout le monde ici mais cela reste la grande majorité...

Les pâtisseries...et le plaisir de l'oeil qui va avec...saliver devant la vitrine, hésiter...puis opter pour deux plutôt qu'une! quel plaisir!

Le marché: les odeurs, les couleurs, les gens!

Le cinéma et mon pass illimité surtout!

L'animation des rues...c'est définitivement quelque chose qui me manque...Dans la plupart des villes américaines, le centre ville est mort. Les valeurs sont inversées par rapport à la France. Vivre au centre ville est réservé aux pauvres qui habitent dans des appartements. Plus on est aisé, plus on a les moyens de se payer une maison en périphérie. La conséquence: les lieux de "vie" et de "socialisation" se sont déplacés à l'extérieur des villes...les commerces aussi! Les petites boutiques du centre ville ont fait place à des centres commerciaux géants...sans âme!

voilà...il est tard...il y a des choses chouettes aux Etats-Unis aussi (par exemple, il n'est pas vrai que l'on y mange mal)...mais ce soir, je suis fatiguée d'être là.